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LCP-AN – VENDREDI 9 AOÛT À 20 H 30 – DOCUMENTAIRE
Un peu plus d’un an après avoir participé à ce documentaire, Julien Dray rendait sa carte du Parti socialiste (PS). D’où le parfum de nostalgie de La Disparition ?, tourné en 2020 par Jean-Pierre Pozzi, avec le dessinateur Mathieu Sapin, et sorti en 2022 au cinéma.
Nostalgie de la puissance d’un parti. En une heure et demie, ce retour sur les grandes heures du PS et sur sa dégringolade séduit d’abord par ses images d’archives. Mitterrand, Jospin, Hollande… Le « baron noir » Dray et Mathieu Sapin se promènent dans un Paris désert (en pleine pandémie de Covid-19), la Bastille, un Solférino vide, où le premier refait la géographie des congrès des heures fastes. Puis viennent des entretiens, notamment avec la journaliste Laure Adler, ancienne conseillère de François Mitterrand.
Pendant la campagne de Ségolène Royal – la plus belle vécue par Julien Dray après celles de Mitterrand, dit-il –, une photo de meeting montre la candidate avec, au second plan, un jeune Olivier Faure. A part cette image, il n’est pas question de l’actuel premier secrétaire du parti. « Le PS que j’ai connu a disparu, on a tourné la page », assume Julien Dray. C’est la nostalgie aussi des succès d’une poignée de communicants politiques, artistes du récit de campagne.
Gérard Colé, l’un des artisans de la victoire du 10 mai 1981, fournit de piquants souvenirs au dessinateur, notamment sur l’élaboration de la campagne face à Valéry Giscard d’Estaing, « l’homme qui veut contre l’homme qui plaît ». Quelques imitations de Mitterrand et le sentiment, déjà, que la victoire est arrivée « trop tard », après des années 1970 où tout était encore possible.
Second rendez-vous manqué avec François Hollande. La « gauche molle » que fustigeait Martine Aubry dans sa campagne de la primaire d’octobre 2011. « Ça commençait à prendre, ils avaient trouvé la ligne pour affronter Hollande », relève Julien Dray. Une petite musique angoissante ponctuée de tic-tac rythme ensuite cette « disparition » du PS, que le documentaire déplore.
Comme acte de décès, il y a cette Nuit debout, en 2016, où François Ruffin lance, à la tribune : « Chez les jeunes, plus jamais nous ne voterons PS. » De quoi résonner avec l’évolution actuelle du député, devenu plus indulgent à l’égard de la social-démocratie. « C’est devenu un gros mot d’être de gauche, dans les cercles d’élite parisienne (…), on va te regarder avec un peu de commisération », relève le communicant Philippe Moreau-Chevrolet sur fond d’images de 1981 montrant une liesse qui paraît rétrospectivement bien naïve.
De cette promenade peuplée de fantômes et d’anciens conseillers, on ressort un peu ébloui, comme après avoir passé trop de temps dans le noir. A voir ou à revoir.
La Disparition ?, de Jean-Pierre Pozzi, avec Mathieu Sapin et Julien Dray (Fr., 2022, 85 min).
Julie Carriat
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